Ordre monastique

S. m. Supérieur d'un Monastère de Religieux, érigé en Abbaye ou Prélature. Voyez ABBAYE et ABBESSE.

Le nom d'Abbé tire son origine du mot Hébreu , qui signifie père ; d'où les Chaldéens et les Syriens ont formé abba : de là les Grecs abbas, que les Latins ont retenu. D'abbas vient en François le nom d'Abbé, etc. S. Marc et S. Paul, dans leur Texte grec, se servent du Syriaque abba, parce que c'était un mot communément connu dans les Synagogues et dans les premières assemblées des Chrétiens. Ils y ajoutent en forme d'interprétation, le nom de père, abba, Ὁ Πατὴρ, abba, père, comme s'ils disaient, abba, c'est-à-dire, père. Mais ce nom ab et abba, qui d'abord était un terme de tendresse et d'affection en Hébreu et en Chaldéen, devint ensuite un titre de dignité et d'honneur. Les Docteurs Juifs l'affectaient ; et un de leurs plus anciens Livres, qui contient les Apophtegmes, ou sentences de plusieurs d'entre eux, est intitulé Pirke abbot, ou avot ; c'est-à-dire, Chapitre des Peres. C'est par allusion à cette affectation que J. C. défendit à ses Disciples d'appeler père aucun homme sur la terre : et S. Jérôme applique cette défense aux Supérieurs des Monastères de son temps, qui prenaient le titre d'Abbé ou de Père.

(Géographie et Histoire monastique) Font-Evraud, et suivant Ménage, Fontévaux, Font-Ebraldi, est un bourg en Anjou à trois lieues de Saumur. Long. 17. 41. 54. lat. 47. 10. 47.

Ce bourg n'est cependant connu que par une célèbre abbaye de filles, chef d'ordre érigée par le bienheureux Robert d'Arbrissel, né en 1047, et mort en 1117, personnage trop singulier, pour ne pas rappeler dans cette occasion un petit mot de sa mémoire et de l'ordre qu'il fonda.

Après avoir fixé ses tabernacles à la forêt de Fontevraud, il prit l'emploi de prédicateur ambulant, et parcourut nuds-piés les provinces du royaume, afin d'exhorter principalement à la pénitence les femmes débauchées, et les attirer dans son cloitre de Marie-Magdeleine. Il y réussit merveilleusement, fit en ce genre de grandes conversions, et entr'autres celle de toutes les filles de joie qu'il trouva dans un lieu de débauche à Rouen, où il était entré pour y annoncer la parole de vie. On sait encore qu'il persuada à la reine Bertrade, si connue dans l'histoire, de prendre l'habit de Fontevraud, et qu'il eut le bonheur d'établir son ordre par toute la France.

S. m. pl. (Ordre monastique) religieux encore plus connus sous leur autre nom de Cordeliers. Voyez CORDELIERS ; et joignez-y, avec vos propres réflexions, les deux traits historiques qui suivent, et qui méritent de n'être pas oubliés dans l'histoire de ces religieux.

Si les Franciscains vénèrent singulièrement François d'Assise ; s'ils lui attribuent tant de miracles, il faut du-moins convenir que c'en fut un bien grand qu'opéra ce fondateur, en multipliant son ordre, au point que neuf ans après l'avoir fondé, il se trouva dans un chapitre général qui se tint près d'Assise, cinq mille députés de ses couvens. Aujourd'hui même, quoique les Protestants leur aient enlevé un nombre prodigieux de leurs monastères, ils ont encore sept mille maisons d'hommes sous des noms différents, et plus de neuf cent couvens de filles. On a compté par leurs derniers chapitres cent-quinze mille hommes, et environ vingt-neuf mille filles.

L'ORDRE DES, (Histoire monastique) ordre religieux, établi par quelques gentilshommes milanais au retour de la prison, où les avait tenus l'empereur Conrard, ou, selon d'autres, Fréderic I. l'an 1162.

Cet ordre commença à fleurir dès le même siècle, principalement dans le Milanais ; les Humiliés acquirent de si grandes richesses, qu'ils avaient 90 monastères, et n'étaient environ que 170 religieux, vivants dans le scandale et dans un extrême relâchement, lorsqu'ils donnèrent occasion au pape Pie V. de supprimer leur ordre ; ce fut même un des principaux événements de son pontificat.